dimanche 10 février 2008

dimanche 3 février 2008

photo philo à la bibliothèque de Huningue







atelier philo au Triangle de Huningue 2001
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de l'utilité de la philosophie conférence-débat

débat du 23 janvier 2004 à la Bascule à Sierentz
Thème : De l'utilité de la philosophie
Ou la philosophie au quotidien.
Remerciements aux responsables du service culturels de Sierentz : Mme Rozan , Juan , et leurs collaborateurs ainsi qu'à Angela Pallie
Je me présente à vous : je m'appelle Jocelyne Pfister, je suis née il y a 41 ans dans cette ville de Sierentz, j'habite actuellement à Hagenthal ; je suis la maman d'un garçon de 15 ans; Je vis en couple avec un homme qui a 3 garçons;
Je travaille comme caissière à la Coop à Bâle depuis 14 ans.( où j'ai pu expérimenter quelques facettes de la philosophie ) nous y reviendrons plus tard
Pourquoi le thème de l'utilité de la philosophie ou la philosophie au quotidien ?
Parce qu'elle changé ma vie !
De tout temps je me suis posé plein de questions comme tout enfant, tout adolescent ; j'ai souvent trouvé des réponses dans les livres que le hasard me présentait.
A force de lire, j'ai éprouvé le besoin, le désir d'échanger mes impressions, mes pensées avec d'autres personnes. C'est l'écoute et les encouragements des responsables de la bibliothèque de Huningue qui m'ont permis de créer le premier café-philo en juin 98; L'information de la presse locale, l'Alsace et les DNA , a permis d'agrandir le cercle des participants et avec le bouche à oreille le rdv a perduré jusqu'à ce jour avec l'appui du service culturel de Huningue.
En juin dernier, j'ai commencé un jeux-philo pour les enfants à raison d'une fois par mois, pendant 2 h, nous nous essayons à la discussion libre, joyeuse et respectueuse avec une dizaine d'enfants agés de 6 à 12 ans.( avant de me lancer, j'ai étudié des rapports des iufm sur les pratiques philo en classe dirigé par Michel tozzi qui est professeur des université à Montpellier et que j'ai eu l'occasion de rencontrer lors d'un colloque des café philo en novembre 2002 à Choisy le Grand
Mon rêve à réaliser serait d'organiser, d'animer des ateliers, des débats, des discussions philo, dans les écoles, collèges lycées, centre culturels, bibliothèque et de faire cette activité à temps plein et de pouvoir en vivre.
Avez vous des questions à me poser ?
J'aimerai bien que cette conférence se transforme , en échange avec votre participation .
Nous allons définir dans un premier temps :qu'est ce que la philosophie ?
2ème temps:En quoi est-elle utile pour chacun d'entre nous?
3ème temps : Quels sont les moyens qui sont à notre disposition ?






Qu'est ce que la Philosophie ?
Face à la diversité des définitions que l'on peut trouver, je me tiens à l'étymologie, càd le sens premier du mot qui vient du grec: philos et sophia et qui veut dire : amour de la sagesse.
C'est Pythagore, un grand savant et mathématicien ( 6ème s. av tous les collègiens connaissent le théorème de Pythagore ) qu'on a présenté à un roi comme un savant, un sage; il a répondu : je ne suis pas un sophos (un savant)mais un philosophos: un amant de la sagesse, un chercheur, je la désire (aimer, eros )car je n'en suis pas pourvu .
Une autre définition d'épicure (341-270 av j.c.) nous précise encore que " la philosophie est une activité qui par des discours et des raisonnements nous procure la vie heureuse.
Et dans sa lettre à ménécée :( qui est un disciple d'épicure)
" Que nul, étant jeune, ne tarde à philosopher,ni, vieux, ne se lasse de la philosophie ; car il n'est, pour personne, ni trop tôt, ni trop tard, pour assurer la santé de l'âme; Celui qui dit que le temps de philosopher n'est pas encore venu ou qu'il est passé est semblable à celui qui dit que le temps du bonheur n'est pas encore venu ou qu'il n'est plu ; Il faut donc méditer sur ce qui procure le bonheur, puisque, lui présent, nous avons tout , et, lui absent, nous faisons tout pour l'avoir."
nous notons de ces deux définitions les notions de l'amour, de la sagesse que nous allons développer et rencontrer l'activité qui est aussi la pratique et la vie heureuse ou le bonheur ainsi que la santé de l'âme.




l'amour est à la fois le principal objet de préoccupation des hommes et le moins bien compris. Pour comprendre son essence au delà des préjugés et des confusions habituelles, nous devons oublier nos opinions, laisser les livres et observer notre vie intérieure ; quel est l'élément nécessairement présent dans tout amour, quels qu'en soit la forme, le sujet et l'objet ?
Contrairement à ce que l'on croit, l'amour n'a rien d'irrationnel, il est possible d'en donner une définition à la fois simple, claire et logique.
Que se passe-t-il lorsque nous aimons ?
Même si nous souffrons et avons peur, nous ressentons une émotion agréable; même si nous sommes tristes ou fatigués, lorsque nous aimons, nous éprouvons une amélioration de notre bien être, de notre vitalité, de notre courage; Lorsque nous aimons, nous ressentons une mobilisation de notre énergie intérieure , une satisfaction de tout notre être;
Qu'il soit amour de soi ou d'une personne, de l'argent ou d'une activité, du vin ou de la gloire, d'une œuvre d'art ou d'un enfant, de l'acte sexuel ou de la sagesse, qu'il soit illusoire ou lucide, intense ou léger, total ou partiel ,éphémère ou durable, physique ou intellectuel, l'amour est caractérise par un seul et unique affect, que nous connaissons tous par expérience :la joie, Aimer c'est se "réjouir de ", écrit simplement Aristote (-428--348).
L'amour n'est pas seulement un sentiment plaisant -comme lire un livre agréable ou regarder un programme intéressant à la télé,- c'est aussi une idée, un jugement de l'esprit qui associe une joie à un certain objet supposé en être la source - un exemple : il y a prés de moi, quelqu'un qui me veut du bien , qui est mon amie , qui est à la source de beaucoup de mes joies …
Et je peux dire comme Spinoza (1632-1677) qui a définit l'essence de l'amour ; lorsqu'on dit "je t'aime" cela veut dire
"tu es la source de ma joie, quand je pense à toi, je me réjouis"
et cette déclaration ne demande rien !
(vous pouvez chercher et trouver des exemples dans votre vie quotidienne, réfléchissez…)
nous aimons ce qui nous fait éprouver une certaine joie, une joie totale (gaieté) ou partielle (plaisir), nous l'aimons tant que dure cette joie, et d'autant plus fortement que cette joie est intense et libérée des tristesses, des conflits et des peurs.
Tous nos désirs s'expliquent par cette loi: que nous en soyons conscient ou pas, nous tendons tous naturellement à augmenter notre joie et à diminuer notre tristesse.
Telle est la loi universelle qui commande toute notre vie affective, y compris le désir philosophique ; elle n'admet pas d'exceptions, et c'est d'elle qu'il faut partir pour comprendre philosophie.
Le seul problème de l'amour, c'est qu'il peut être illusoire.
Je peux en effet me tromper et attribuer à une chose séduisante une valeur qu'elle n'a pas.
Les hommes sont malheureux parce qu'ils n'aiment pas ce qui est véritablement bon pour eux et qu'ils se laissent séduire par de faux biens incapable de leur donner le bonheur qu'ils espèrent y trouver ( comme la publicité );
La plupart des gens sont séduits par les plaisirs des sens, les honneurs et les richesses, et ils les désirent avidement.
Mais aucun de ces biens n'est capable de donner une joie pure et constante ( qui pourrait être une définition du bonheur et même de la sérénité ).
Au contraire, le sage est heureux parce qu'il est libéré de toute séduction et qu'il aime tout ce qu'il y a de bon dans la vie, avec la certitude que cela continuera à le combler de bonheur. Le sage est comblé par l'amour de soi et de la vie ; il vit sans manque; habité par le bonheur d'être soi , il se réjouit d'aimer pleinement sa vie dans une relation réelle avec les autres et avec le monde; Il sait aimer selon la sagesse, et tire de là toute sa félicité ( un exemple qui me vient à l'esprit : le dalaï lama )
C'est uniquement pour combler son désir de bonheur que le philosophe désire progresser vers la sagesse; Comme tous les hommes, le philosophe est animé par de multiples désirs, il éprouve de nombreux sentiments d'amour et de haine pour une multitudes d'objets, et il vit dans une relative insatisfaction ; Mais il éprouve aussi un amour intense pour la sagesse, parce qu'il a compris sa valeur suprême pour éviter les pièges de la séduction, développer sa lucidité et obtenir ce qu'il désire le plus dans cette vie;
Philosopher, c'est désirer connaître ce qui est digne d'être aimé pour éloigner les déceptions et augmenter les satisfactions.
Le philosophe ne recherche la connaissance que parce qu'il a compris qu'elle était nécessaire au bonheur et parce qu'il désire se libérer du malheur engendré par l'échec spontané de l'amour ( qui peut être illusoire, nous l'avons entendu avant);
Son amour de la connaissance a pour unique fondement l'amour de soi, l'égoïsme sain ( il faut commencer par soi ), le désir raisonnable de se faire du bien, d'augmenter ses joies.
Cet amour ne dépend que de soi et il n'existe qu'en acte.
Il peut être léger ou intense, mais il est toujours bon, parce qu'il est par définition raisonnable et équilibrant.
Je m'arrête là , on pourrait encore en parler pendant des heures; est ce clair pour tout le monde ? Avez-vous des questions à poser sur cette notion fondamentale de l'amour ?
La sagesse
Qu'est-ce que la sagesse ?
L'idéal d'une vie réussie ?
Non, qu'on aurait réussi dans la vie, ce qui ne serait que carriérisme, mais parce qu'on aurait réussi sa vie elle même;
C'est le but, depuis les grecs, de la philosophie;
Toutefois ce n'est qu'un idéal, dont il importe de se libérer aussi. Le vrai sage n'a que faire de réussir quoi que ce soit: sa vie ne lui importe pas plus , ni moins que celle d'autrui. Il se contente de la vivre, et il trouve un contentement suffisant, qui est la seule sagesse en vérité.
" Pour moi, j'aime la vie" disait Montaigne (1533-1592). C'est en quoi il était sage : parce qu'il n'attendait pas que la vie soit aimable ( facile, agréable, réussie…) pour l'aimer .
Mais nul n'est sage absolument, ni tout entier : tous ont besoin de philosopher, ne serait-ce que pour se déprendre de la philosophie elle même
La sagesse, la vraie sagesse, n'est pas une assurance tous risques, ni une panacée, ni une œuvre d'art; c'est le repos joyeux et libre dans la vérité.
Un savoir ?
Tel est en effet le sens du mot chez les grecs( sophia) mais un savoir très particulier : " la sagesse ne peut être ni une science, ni une technique" disait Aristote : elle porte moins sur ce qui est vrai ou efficace que sur ce qui est bon pour soi et pour les autres ( je vous cite un exemple : pendant la 2ème guerre mondiale, un juif ou un résistant se réfugie prés de chez vous , mais un membre de la gestapo le pourchassant vous demande où il se cache, allez- vous dire la vérité ? ou mentir pour le bien de cet individu ?
Un savoir, certes. Mais c'est un savoir vivre
La sagesse se reconnaît à une certaine sérénité, mais plus encore à une certaine joie, à une certaine liberté, à une certaine éternité (le sage vit au moment présent : il sent et expérimente, comme disait Spinoza, qu'il est éternel) , la sagesse se reconnaît à un certain amour…
" De tous les biens que la sagesse nous procure pour le bonheur de la vie tout entière, soulignait Epicure, l' amitié est de beaucoup le plus grand "
c'est que l'amour propre a cessé de faire obstacle .Que la peur a cessé de faire obstacle. Que le manque a cessé de faire obstacle. Que le mensonge a cessé de faire obstacle;
Il n'y a plus que la joie de connaître, d'apprendre il n'y a plus que l'amour et la vérité; c'est pourquoi nous avons tous nos moments de sagesse, quand l'amour et la vérité nous suffisent . Et de folie, quand ils nous déchirent ou nous fait défauts;
La vraie sagesse n'est pas un idéal, c'est un état tjrs approximatif, c'est une expérience, c'est un acte; Ce n'est pas un absolu, mais un maximum( relatif) c'est le maximum de bonheur, dans le maximum de lucidité; Il dépend de la situation de tel ou tel, des capacité de chacun, bref, il dépend de l'état du monde et de soi .
Ce n'est pas un absolu, c'est la façon , tjrs relative, d'habiter le réel, qui est le seul absolu en vérité; cette sagesse là vaut mieux que tous les livres qu'on a écrits sur elle, qui risquent de nous en séparer.
" Quand bien même nous pourrions être savant du savoir d'autrui, disait Montaigne, au moins sage ne pouvons nous être que de notre propre sagesse"
Nul ne peut vivre à notre place, nul ne peut penser à notre place, nul ne peut aimer à notre place, mais nous pouvons créer notre propre sagesse avec la vie que nous menons, en action, en pratique, avec notre propre réflexion et notre expérience.
En quoi la philosophie est-elle utile ?
Nous avons vu précédemment dans les notions de l'amour et de la sagesse qu'il était beaucoup questions de bonheur ;
Comment y accéder, comment l' atteindre , est-il possible de le vivre ? Ici et maintenant ? ou à quelles conditions ?
Nous avons retenu ce que pouvait être la sagesse : un maximum de bonheur dans le maximum de lucidité; c'est la vie bonne, comme disaient les grecs, mais une vie qui soit humaine, autrement dit responsable et digne .Jouir, Sans doute. Se réjouir ?Le plus qu'on peut. Mais pas n'importe comment. Mais pas à n'importe quel prix. " Tout ce qui donne de la joie est bon " disait Spinoza; toutes les joies ne se valent pas. "Tout plaisir est un bien "disait Epicure; Cela ne veut pas dire que tous les plaisirs méritent d'être recherché, ni même qu'ils soient tous acceptable.Il faut donc choisir, comparer les avantages et les inconvénients, comme disait Epicure, autrement dit Juger. C'est à quoi sert la sagesse. C'est à quoi sert aussi, et par là même, la philosophie. On ne philosophe pas pour passer le temps, ni pour se faire valoir, ni pour faire joujou avec les concepts (notion ) : on philosophe pour sauver sa peau et son âme.
La sagesse est ce salut, non pour une autre vie mais pour celle-ci.
En sommes nous capables ? Pas complètement , sans doute !
Ce n'est pas une raison pour renoncer à nous en rapprocher. Nul n'est sage en entier; mais qui se résignerait à être fou totalement ?
Si tu veux avancer, disaient les stoïciens(Epictète,50-125, Marc Aurèle, 121-180) il faut savoir où tu vas. La sagesse est le but : la vie est le but, mais une vie qui serait plus heureuse, plus lucide; le bonheur est le but, mais qui serait vécu dans la vérité.
Attention pourtant de ne pas faire de la sagesse un idéal de plus, une espérance de plus, une utopie de plus qui nous séparerait du réel ; la sagesse n'est pas une autre vie, qu'il faudrait attendre ou atteindre. Elle est la vérité de notre vie qu'il faut connaître et aimer. Parce qu'elle est aimable , Pas forcément ni toujours ( mieux vaut une vraie tristesse qu'une fausse joie) mais pour qu'elle le devienne.
"La plus expresse marque de la sagesse, disait Montaigne, c'est une éjouissance(?) constante ; son état est comme des choses au dessus de la lune : toujours serein" et aussi bien pourrais-je citer Socrate, Epicure ("Il faut rire tout en philosophant), Descartes (qui a dit je pense, donc je suis), Spinoza, Diderot ou Alain….
Tous ont dit que la sagesse est du coté du plaisir, de la joie, de l'action, de l'amour et que la chance n'y suffit pas.
Ce n'est pas parce que le sage est plus heureux que nous qu'il aime la vie davantage. C'est parce qu'il aime la vie davantage qu'il est plus heureux.
Quant à nous qui ne sommes pas des sages, qui ne sommes que des apprentis en sagesse, c'est à dire des philosophes; il nous reste à apprendre à vivre, à apprendre à penser, à apprendre à aimer; on n'a jamais fini, et c'est pourquoi on a toujours besoin de philosopher.
Cela ne va pas sans efforts, mais cela ne va pas sans joies;
"dans toutes les occupations, écrivait Epicure, la jouissance vient à la suite des travaux acccomplis avec peine; mais en philosophie, le plaisir va du même pas que la connaissance : car ce n'est pas après avoir appris que l'on jouit de ce qu'on sait , mais apprendre et jouir vont ensemble.

Quels sont les moyens à notre disposition ?
C'est par l'intermédiaire de Socrate, qui est nommé encore aujourd'hui le père de la philosophie, que nous allons voir quels moyens disposons nous pour philosopher vraiment.
Qui était Socrate ? (-470-399).
Socrate était un simple citoyen, pauvre et fort laid; socialement, il n'avait rien d'exceptionnel; Ni chef, ni savant, ni mage, Socrate était un homme simple, enjoué et espiègle. Fils d'une sage femme et sans doute sculpteur comme son père, il fut "parmi les hommes de notre temps que nous avons connu, le meilleur et aussi le plus sage et le plus juste" écrit Platon , son plus célèbre disciple. N'ayant rien écrit, on ne connaît pas sa pensée exacte et son personnage reste pour une part légendaire comme ceux de Jesus, Boudha ou Lao Tseu.
Mais la philosophie avait fait de lui un homme sage et heureux; plutôt bon vivant qu'érudit ( quelqu'un qui a beaucoup de connaissances ), Socrate témoignait en toute occasion d'une force d'âme, d'une justice, d'une tempérance et d'un courage exceptionnel. Mais sa sagesse se manifestait surtout dans sa relation aux autres ; Socrate excellait d'un l'art du dialogue. Toute la force de ce sage résidait dans la qualité de sa parole, une parole extraordinairement féconde et puissante. Aimé par de nombreux disciples enthousiastes, redouté par les savant et les gouvernants, Socrate n'enseignait pourtant rien. A la différence de Jesus ou Boudha,, il n'a laissé aucune doctrine. Mais son verbe avait une extraordinaire force d'éveil : il savait faire naître en l'autre le feu sacré de l'amour philosophique, l'amour de la sagesse.
C'était un homme sans spécialité, qui ne revendiquait aucune connaissance particulière. Mais il possédait la connaissance de l'amour " je ne connais que l'amour, affirme Socrate; et l'amour est le désir de posséder toujours le bien "
Quel est le bien désiré par Socrate ?
C'est le bine sensible au corps ( les sensations), l'agréable et tous les plaisirs, mais plus profondément, le bien sensible à l'esprit, le seul capable de combler l'âme : le plaisir lié à l'utile, au vrai, au beau et au juste; le bonheur donné par la sagesse.
Un désir ne vise pas seulement le plaisir, mais l'amélioration, le perfectionnement, l'accomplissement de celui qui l'éprouve, vers le plus haut bonheur … L'amour est le désir joyeux de s'élever vers le bien qui nous manque.
D'où vient l'éveil de Socrate ?
D'une sagesse paradoxale : Socrate possédait la connaissance de son ignorance. Il avait la sagesse de savoir qu'il manquait de sagesse Et cette simple lucidité a changé sa vie
C'est parce que Socrate sait qu'il manque de sagesse qu'il l'a désire. Et ce désir l'a transformé, en transformant son désir : il est devenu philosophe, amant de la sagesse; Il ne désire plus vivre comme la foule sans réflexion, en poursuivant n'importe quel plaisir au gré des passions et des circonstances; Il ne désire plus obéir aveuglément aux impulsions de son corps et aux habitudes de la cité et posséder toujours plus de pouvoirs et de richesses dans une perpétuelle insatisfaction. Il désire obéir au désir le plus profond de son âme, s'approcher des beautés supérieures, par la contemplation des belles choses, des belles actions, des beaux discours et enfin par la connaissance des belles sciences jusqu'à jouir de la beauté la plus haute. L'amour de la sagesse donne le sens de la vie humaine, il est ce par quoi la vie prend son sens Car il n'est de vie sensée que par la pleine réalisation de l'amour.
Mais encore faut-il savoir ce qu'il est bon d'aimer
Encore faut-il connaître ce qui peut combler notre amour.
Or ce n'est pas un amour particulier qu'il importe de réussir, nous dit Socrate. Nous ne devons pas nous attacher à une passion amoureuse déterminée, mais cultiver le grand amour de la vie, de soi et des autres.
Philosopher, c'est éprouver la joie d'utiliser la meilleure partie de son être pour chercher ce qu'il y a de meilleur dans la vie.
Quel est le véritable bien et comment l'atteindre ?
Que dois-je faire pour accomplir l'amour en moi et donner un sens à ma vie ?
Voilà la première et dernière question du philosophe;
Aujourd'hui encore, Socrate continue de nous interroger pour nous faire reconnaître que la vérité de l'amour implique l'amour de la vérité;
Socrate n'enseigne pas une science, il engendre le désir de se connaître soi-même, pour donner un sens à sa vie, à sa recherche incessante du bonheur, car là est le sens de la vie humaine.
Pour continuer sur le chemin de la sagesse, il nous ait donné des outils, des valeurs, des vertus à expérimenter dans notre vie quotidienne qui sont entre autres :
Le courage: capacité de surmonter ses peurs, c'est la force d'âme…
Un homme à l'âme forte lit-on chez Spinoza, "s'efforce de bien faire et de se tenir en joie": confronté aux obstacles, qui sont innombrables, cet effort est le courage même…

La prudence
Est la disposition qui permet de délibérer correctement sur ce qui est bon ou mauvais pour l'homme (non en soi, mais dans le monde tel qu'il est, non en général mais dans telle ou telle situation) et d'agir comme il convient…
La générosité
Etre généreux, c'est être capable de vouloir, explique Descartes, et donc de donner, en effet, quand tant d'autres ne savent que désirer, que demander,, que prendre…
L'humilité( humus, terre)
Une conscience extrême des limites de toute vertu et de soi.
Etre humble , c'est aimer la vérité plus que soi…
La gratitude est un second plaisir, qui en prolonge un premier;
Est le désir par lequel nous nous efforçons de faire du bien à celui qui nous en a fait; elle sait voir en l'autre la cause de sa joie .
Le souvenir joyeux de ce qui fut
La fidélité
La simplicité
La tolérance
La pureté, la douceur , la bonne foi
L'humour ,
Et l'amour qui est la vertus des vertus.

Pour être philosophe, il suffit d'être pleinement soi-même, de reconnaître sans peur son ignorance radicale du mystère de la vie , d'admettre sans orgueil son besoin de savoir, d'assumer sans honte son désir de bonheur; Pour cela il est nécessaire de ne plus tricher, avec les autres, bien sûr mais d'abord avec soi-même. La première vertu philosophique est le courage d'affronter la vérité, à commencer par ce que je suis; un peut-être; un être qui doit reconnaître qu'il manque de sagesse, de science, de bonté, de liberté et de bonheur.
La philosophie est donc toujours une recherche et non une possession. Une activité et non une doctrine. Une réflexion et non un savoir.


Mes sources:
Epicure, lettres et maximes, ed. PUF
Montaigne, Les Essais
André Comte Sponville ,Petit traité des grandes vertus
Et le Dictionnaire Philosophique, ed. PUF
Bruno Giuliani, l'amour de la sagesse, ed. du Relié